
Égalité femmes-hommes
Pantin rêve de queer
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Le symbole est fort : dimanche 22 juin, à 10 heures, la toute première Course des fiertés de l’Inter-LGBT, pensée comme le lancement de la semaine d’événements organisée par l’association en Île-de-France en amont de la traditionnelle Marche, s’élancera depuis la place de la Pointe pour une ou deux boucles de 6 kilomètres le long du canal.
Retrouvez tous les articles du dossier « Pantin, l'été de toutes les égalités », réalisé par Catherine Portaluppi, Guillaume Gesret et Anne-Laure Lemancel :
► Dans Canal n°337 (Juin 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
« Le sport est fédérateur mais il demeure une activité où s’expriment régulièrement les LGBTphobies, explique Clément Puygrenier, délégué Semaine des fiertés d’Inter-LGBT. Nous avons choisi Pantin pour cette course inclusive et ouverte à tous car nous souhaitons fédérer dans toute la région et nous savons que la ville est culturellement engagée à nos côtés. »
« Ce qui ne se voit pas n’existe pas !, confirme Jean-Luc Romero-Michel, militant de l’égalité. Quand un maire et des élus s’engagent, comme à Pantin, dans la lutte contre les LGBTphobies, les citoyens le remarquent, le message porte davantage, et cela aide les associations dans le travail de visibilité qu’elles mènent tous les jours sur le terrain. C’est essentiel en banlieue où certaines familles ont du mal à accepter l’orientation sexuelle de leur enfant. »
L’engagement festif
À Pantin, deux associations portent haut la visibilité queer. D’abord Les Dramagouines, dont le troisième festival, soutenu par la ville, a séduit, en avril, plus de 4 000 personnes. « On s’est installées à Pantin car on savait qu’on y serait bien accueillies, explique Marine de Nicola, co-fondatrice de l’événement. Nous partageons les mêmes valeurs, l’égalité femmes-hommes et la défense des minorités. C’est important d’être présentes dans une ville populaire où il existe de nombreuses intersectionnalités à explorer face à des discriminations qui s’accumulent. »

Leur objectif ? « Proposer des moments engagés et joyeux ouverts à toutes et tous pour militer, fédérer la communauté lesbo-queer, les alliés mais aussi les curieux·ses. »
De son côté, Queer Pantin organise aussi des événements festifs, « pour sortir de l’isolement les personnes LGBTQIA+ », comme l’explique Erwan Passey, son co-président. L’association anime également une permanence mensuelle à la Maison des associations et participe régulièrement au Salon des associations.« Nous sommes très attachés à cette ville et à sa mixité sociale, culturelle et économique. En intervenant localement, nous voulons montrer aux gens qu’ils sont entourés de personnes LGBTQIA+. Créer une association queer ici marque aussi notre volonté d’influer sur les politiques publiques. »
L’association vient ainsi de dévoiler les résultats d’une enquête portant sur les violences subies par les personnes LGBTQIA+ à Pantin et dans les villes alentours. Cette étude comporte en outre des propositions pour améliorer la situation .
Lieux de visibilité
Enfin, la ville fourmille de lieux au sein desquels la culture LGBTQIA+ s’expose avec fierté : la Cité fertile où viennent de se dérouler le festival des Dramagouines, la Boum de Queer Pantin et le premier festival contre la sérophobie ; Chez Olympe, célèbre pour ses cabarets drag ; Les Relais solidaires et sa Queermess ; Sand Fabrik et ses bingos drag ; la brasserie Gallia et sa cuvée spéciale Mois des fiertés ; ou encore Dock B., programmant nombre d’artistes queer…
Des événements qui sont souvent bien plus qu’une simple occasion de faire la fête, quel que soit son genre ! Il en va ainsi de la Grande Braderie de la mode organisée à Pantin deux fois par an, en juin et en décembre, par l’association Aides : « Les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à la séropositivité détruisent des vies, créent de la souffrance et isolent, souligne Frank Assoumou, d’Aides Île-de-France. Elles freinent ainsi l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins. En Seine-Saint-Denis, deuxième département de métropole le plus touché par le VIH/Sida après Paris, le soutien des collectivités territoriales comme Pantin est essentiel. »
Un été queer à Pantin
► Du jeudi 5 au dimanche 8 juin, de 11.00 à 19.00 : Grande Braderie de la mode organisée par l’association Aides. Magasins généraux (1, rue de l’Ancien-Canal). Informations : aides.org/braderie
► Vendredi 6 juin, 20.00 : dragolo, drag show. Chez Olympe (37, rue Hoche).
► Vendredi 13 juin, de 17.00 à minuit : soirée Queen Brew, brassée spécialement pour le Mois des fiertés. Gallia (35, rue Méhul)
► Dimanche 22 juin : première Course des fiertés organisée par l’association Inter-LGBT. Accueil des coureurs dès 9.00, départ à 10.00, Village des fiertés de 10.00 à 15.30 avec animations et stands d’associations sportives et locales queer. Place de la Pointe
Inscription jusqu’au 20 juin sur course.inter-lgbt.org
► Dimanche 13 juillet : Bal des pompières, emmené par Barbi(e)turix. Cité fertile (14, avenue Édouard-Vaillant)
► Jeudi 28 août : Queer Machine, drag show de Blanche Poubelle. Brasserie Gallia
► Dimanche 31 août : Queer Zine Fest, festival de fanzines queer. Brasserie Gallia

Trois questions à...
Hawa Touré, conseillère municipale déléguée à l’Égalité femmes-hommes et à la Lutte contre les discriminations
Canal : Durant ce mandat, la ville a consacré beaucoup d’efforts à la promotion de l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les violences conjugales, en particulier avec l’ouverture de la Maison des femmes. Mais comment s’engage-t-elle contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ?
Hawa Touré : La lutte contre toutes les discriminations a été une priorité dès le début du mandat. Très vite, avec le maire, nous avons contacté l’association Inter-LGBT pour lui proposer que la Pride parte de notre ville. En 2021, la Marche des fiertés s’est donc élancée, pour la première fois, depuis une commune de banlieue : Pantin ! Ont suivi la Soirée des fiertés en 2022 et le Village des fiertés en 2023. Après une pause en 2024 du fait des JO, nous avons voulu participer à nouveau cette année en accueillant, dimanche 22 juin, la toute première Course des fiertés organisée par l’Inter-LGBT avec notre soutien. Durant le mois de juin, nous pavoiserons également l’hôtel de ville aux couleurs arc-en-ciel. Enfin, nous souhaitons travailler à l’ouverture d’une Maison des fiertés à Pantin.
Comment la ville accompagne-t-elle les associations locales dans la lutte contre les LGBTphobies et pour l’égalité des droits ?
H.T. : Nous soutenons le collectif Les Dramagouines depuis trois ans, en étant partenaire de son festival annuel destiné à sensibiliser à la visibilité lesbienne, ainsi que l’association Queer Pantin grâce à des prêts de salle pour ses permanences et réunions. Nous communiquons aussi beaucoup sur les événements associatifs. Notre objectif ? Permettre à tous les Pantinois concernés de se sentir épaulés et compris, de participer à des événements où ils peuvent se rencontrer et discuter de leurs problématiques, mais aussi faire connaître ces associations et leurs activités dans toute la ville.
Pantin est devenue un haut lieu pour les événements festifs, très prisés par la communauté queer. Pourquoi cet engouement à votre avis ?
H.T. : À mon sens, il date de 2021 avec ce tout premier départ de la Marche des fiertés de banlieue. Depuis, beaucoup de personnes nous ont affirmé qu’elles se sentaient en sécurité à Pantin, une ville qui affiche son engagement contre les discriminations de toutes sortes. C’est pour cela que le collectif Les Dramagouines s’y est installé. De la même manière, le FC Contre-Attaque, une équipe de foot queer transféministe, vient régulièrement s’entraîner à Pantin, car ses joueuses, qui participent également à la Semaine de l’égalité, s’y sentent bienvenues et soutenues.