
Égalité femmes-hommes
Pantin, terrain d’expression et de fête
Publié le
La Cité fertile porte leur voix
Avec ses événements féministes, lesbiens et queer, la Cité fertile se veut un espace sécurisé de fête et de réflexion.
Le 13 juillet s’y déroulera le formidable Bal des pompières, emmené par le collectif lesbien et féministe Barbi(e)turix ; le 10 mai, s’y tenait le Positif Festival, premier événement de lutte contre la sérophobie avec la participation exceptionnelle de Nicky Doll, la présentatrice de Drag Race France ; fin avril, on y dansait lors d’une boum queer qui recevait la drag trash Blanche Poubelle…
Retrouvez tous les articles du dossier « Pantin, l'été de toutes les égalités », réalisé par Catherine Portaluppi, Guillaume Gesret et Anne-Laure Lemancel :
► Dans Canal n°337 (Juin 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
C’est donc une réalité : la Cité fertile fait la part belle à une programmation LGBTQIA+ friendly.« Depuis notre ouverture, acquiesce Amélie Chaumeton, l’une des responsables du lieu, nous défendons une ville durable sur le plan écologique, mais aussi plus sociale, plus solidaire, fondée sur l’entraide et l’acceptation de toutes les communautés, notamment LGBTQIA+. Nous avons ainsi créé un espace bienveillant et convivial où les gens festoient, réfléchissent et expérimentent dans un cadre sécurisé. »
La jeune femme croit également en la mixité des publics : « Sans tomber dans les clichés, nous avons accueilli en même temps la Coupe du monde de rugby, avec un public plutôt masculin, et le We Too Festival, avec beaucoup de familles LGBTQIA+. Ces deux mondes se sont côtoyés dans la joie et le respect. »
En finir avec l’invisibilisation
Un lieu sûr : c’est également ce qu’a trouvé, à la Cité fertile, le collectif Les Dramagouines, qui, en avril, y a organisé son festival où 4 000 personnes se sont pressées pendant deux jours autour de 70 artistes et initiatives lesbiennes.

« Le symptôme principal de la lesbophobie reste notre invisibilisation, confie Marine, co-fondatrice de la manifestation. Il fallait donc un événement d’ampleur pour sensibiliser le grand public. À Pantin en général, et à la Cité fertile en particulier, nous avons enfin trouvé un espace pour faire entendre nos voix. »
- La Cité fertile : 14, avenue Édouard-Vaillant
- Toute la programmation
La culture queer avec un grand Q
Depuis un an et demi, Chez Olympe propose un cabaret où se produisent les stars queer de demain.
Dans le milieu queer, Rémy Baiget s’impose comme un personnage bien identifié. En 2015, il a ouvert, en plein cœur du parc de La Villette, À la Folie, une néo-guinguette qui réserve le meilleur des accueils aux communautés LGBTQIA+.

L’ex-programmateur du Rex club a également assuré, en partenariat avec la ville de Paris, la direction du Bal de l’amour qui s’est tenu en mai, place de la Bastille. Quant à Pantin, il y a ouvert, voilà un an et demi, Chez Olympe, un lieu haut en couleurs qui célèbre tous azimuts les cultures queer.« À l’intérieur de notre grande minorité, composée de différents courants, nous défendons des arts, des musiques, des styles qui nous sont propres. Si nous avons souvent été relégués aux marges de l’histoire, nous appartenons aujourd’hui à la culture avec un grand C », affirme-t-il avant d’ajouter : « Quand nous avons ouvert À la Folie, il y a dix ans, les drags étaient un peu poussiéreuses. Nous essayons dorénavant d’en faire des spectacles fun, modernes, accessibles à tous·tes. »
Éclectisme et paillettes
Du fun, du moderne… Voici donc le fil rouge de sa programmation éclectique et à paillettes : un dragolo (le 6 juin), « le plus rigolo (et le plus humiliant) des drag shows », des bingos drag, du stand-up, des effeuillages et des cabarets mensuels. Programmés par la star drag Morphine Blaze, des femmes y campent des drag queens, les hommes des drag kings dans un total brouillage des genres.
« Nous sommes perçus par les artistes comme un tremplin, reprend Rémy Baiget. Ils démarrent ici avant de poursuivre leur carrière sur des scènes plus importantes. Chez Olympe, on peut sentir une réelle effervescence artistique. » Et le show ne fait que commencer !
- Chez Olympe : 37, rue Hoche
- Toute la programmation : @chez_olympe
Et aussi à Pantin :
Les Relais solidaires
Un refuge pour tous
► « On programme des événements queer dans l’espoir qu’un jour plus personne ne nous demande pourquoi, s’amuse Paula Cerha, programmatrice culture aux Relais solidaires. Nous voulons être représentatifs de toutes les cultures, avec une programmation éclectique, pluridisciplinaire… et inclusive ! »
► Ainsi Les Relais ont-ils reçu en mars, en plein Mois des luttes, la Queermess, organisée par le collectif lesbien Gazon maudit. De même, l’établissement a accueilli, en avril, l’exposition photo L’essentiel, portant sur les droits à la reproduction des personnes trans. De quoi perpétuer l’identité des Relais, celle d’un lieu refuge.
► Les Relais solidaires : 61, rue Victor-Hugo
Gallia
Bulles arc-en-ciel
►« En proposant des événements proches de la culture queer, à l’image du drag show mensuel emmené par Blanche Poubelle,on favorise l’inclusion ! », affirme Julia Ardiley, programmatrice chez Gallia. En mai, le lieu a ainsi reçu le Néon Lov’ Festival qui, le temps d’un week-end, a honoré l’amour, la diversité et la liberté.
► Le 13 juin, pour célébrer le Mois des fiertés, Gallia lance sa nouvelle mousse, Queen Brew, et convie, pour l’occasion, Gang Bambi qui proposera des DJ sets et des performances. Une semaine plus tard, les Tata Band·e feront résonner leur queer/punk, tandis que le 31 août, aura lieu le Queer Zine Fest, un festival de fanzines queer.
► Gallia : 35, rue Méhul
Sand fabrik
Bingo queer à la playa !
► Sur son bout de plage pantinoise, l’équipe de Sand fabrik organise, une fois par mois, le BingOlek, soit un bingo queer avec paillettes, punchlines et autres surprises. Thibault Spentchian, co-fondateur du lieu, explique : « On a décidé de moderniser ce vieux jeu, étonnamment très populaire dans les milieux queer. Chez nous, tout tient au talent de l’animatrice, la drag queen Olek. Dans une ambiance ultra-conviviale, le BingOlek permet d’assister à un véritable show, régressif et jouissif. Tout devient du grand spectacle avec la virtuosité de cette diva qui transforme cette sorte de loto en une aventure passionnante ! »
Sand fabrik : 45, rue Delizy
Dock B.
L’exaltation de nos différences
►« Nous essayons d’être ce petit coup de pouce qui permet aux différentes communautés de se croiser, explique Alban Senault, programmateur à Dock B.Nous faisons ainsi la part belle aux esthétiques queer, elles-mêmes diverses, tant dans la forme – DJ sets, performances, drag shows – que dans la multiplicité des collectifs qui la défendent. »
► Ces derniers mois, Dock B. a, par exemple, accueilli la Discoquette, collectif à paillettes, puis, en mai, le Marateuf, festival queer emmené par les collectifs Dyketopia et Rawmantique. « Ici, nous n’avons pas peur d’exalter nos outrances, nos différences, de montrer ce qu’elles ont de beau, de drôle et d’inspirant », conclut-il.
► Dock B. : 1, place de la Pointe