
Musique
Le conservatoire en effervescence
Publié le
Retrouvez tous les articles du dossier « En avant la musique », réalisé par Anne-Laure Lemancel, Guillaume Théchi et Catherine Portaluppi :
► Dans Canal n°341 (Novembre 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
Une exposition d’arts plastiques intitulée Le Rocher de Sisyphe (du 14 novembre au 14 février) sur le thème de l’épuisement ; une fête de la danse classique, les Ballet’s Days (du 19 au 22 novembre) ; un marathon dansé à l’occasion du Téléthon (le 5 décembre) ; une Nuit des conservatoires (les 28 et 30 janvier) où se succéderont siestes sonores, escape game, exposition, soirée clubbing, ainsi qu’un concert donné par des professeurs et des « grands » élèves…
Voici, en vrac, un aperçu de l’alléchante saison culturelle 2025-2026 du conservatoire Jacques-Higelin dont l’auditorium Sergio-Ortega s’apprête à accueillir des événements variés, représentatifs des quatre spécialités ici enseignées (musique, danse, théâtre, arts plastiques) et entièrement gratuits.
« Je construis cette programmation à partir des propositions de nos enseignants, par ailleurs artistes. J’essaie de la rendre aussi éclectique et attractive que possible », explique Laurie Merle, responsable du pôle Diffusion et action culturelle. « Cette saison culturelle fait partie des missions essentielles du CRD. Nous souhaitons proposer à nos élèves des spectacles de qualité pour forger leur regard critique. L’occasion, aussi, de découvrir leurs professeurs dans d’autres contextes, renchérit Sarita Jean, chargée d’action culturelle et de médiation. Dans ce cadre, nos élèves les plus “avancés” peuvent aussi se produire dans des conditions optimales. Et, bien sûr, ces événements sont ouverts à tous les Pantinois désireux de découvrir nos spécialités, mais aussi des orchestres de haut vol comme, par exemple, l’ensemble Atmosphères. »
Laurie Merle et Sarita Jean insistent aussi sur le côté transmission de cette saison et sur ses propositions jeune public. Mercredi 17 décembre, se jouera, ainsi, le spectacle Mooooooooonstres tressé autour de cette question existentielle : « Qui du monstre ou de la peur est arrivé en premier ? »
Infos pratiques
- Entrée libre pour tous
- Conservatoire Jacques-Higelin
- Tout le programme
Une jam et des barres « Venez comme vous êtes ! » : voici, en substance, le mot d’ordre de la jam, organisée par le CRD à la brasserie Gallia, mercredi 26 novembre, autour de ses élèves en musiques actuelles amplifiées (MAA).
► Au menu ? Des chansons internationales, piochées dans un répertoire qui s’étend de Jimi Hendrix à Police, en passant par Prince, Michael Jackson, Stevie Wonder, Bob Marley ou David Bowie. Une set list à laquelle chacun est invité à se greffer. « Je trouvais intéressant que nos élèves se produisent devant d’autres publics, qu’ils se rencontrent, jouent ensemble ou jament avec des inconnus », développe le batteur Sébastien Lété, coordinateur du département MAA, à l’initiative de l’événement.
► Autre moment participatif, convivial et ouvert à tous : la session Open barre qui proposera, dans le cadre des Ballet’s Days, un atelier d’initiation gratuit à la danse classique. « Ce moment s’inscrit dans la philosophie de cet événement : une volonté de rendre la discipline accessible au grand public et de la sortir de ses clichés », conclut Sarita Jean.
- Jamaa au Gallia #6 : mercredi 26 novembre, de 19.00 à 22.00.
Brasserie Gallia, 33, rue Méhul.
- Open barre : mercredi 19 novembre, de 14.00 à 15.30. Conservatoire Jacques-Higelin (49, avenue du Général-Leclerc).
Et aussi : Jeremy Weiss, opéra de l’intime

Le baryton américain a peaufiné son premier opéra, une traversée sensible entre vie, mort et lumière, au conservatoire de Pantin.
Rendez-vous mardi 4 novembre pour une représentation publique à l’auditorium Sergio-Ortega.
Son rire sonore, aux échos enfantins, fend le silence de l’imposante boîte noire de l’auditorium Sergio-Ortega du conservatoire à rayonnement départemental (CRD) Jacques-Higelin. Débarqué la veille de New York, le baryton américain de 32 ans, lauréat de la deuxième édition de L’Automne des émergences impulsé par le CRD, a la voix « d’une sensualité teintée d’indigo », selon Opera News.
Ce 16 octobre, Jeremy Weiss ne boude pas son plaisir de peaufiner, en ces murs, son premier opéra, Infinitesimal. « Avec ma collaboratrice et co-librettiste, Nicole Brancato, nous l’avons déjà joué à Londres et à Bolzano, en Italie. Ici, nous effectuons les derniers réglages, souvent l’étape la plus difficile. Notre résidence de cinq jours dans cet auditorium, avec une équipe technique dédiée, nous permet aussi d’expérimenter la façon dont il sonne. »
Un échange humain
Pour Jeremy, tout commence loin de Pantin. À New York, d’abord, sa ville de naissance. Puis, dans l’État de Virginie où, dès l’âge de six ans, il donne de la voix dans des formations de comédie musicale, avant de se lancer dans l’étude du piano et du hautbois. À 16 ans, vient la rencontre avec le chant lyrique. « Dans l’opéra, j’adore cet échange humain, entre artistes et public, grâce à l’utilisation de la voix. »
Pour autant, il se défend d’une trajectoire qui serait uniquement musicale. « À Yale, j’ai étudié les sciences humaines et le théâtre. Je me considère davantage comme un performeur que comme un chanteur. »En musique, il nourrit son éclectisme avec un goût prononcé pour Schubert et sa façon d’exprimer toutes les nuances de l’âme humaine ; les compositeurs baroques – Monteverdi, Haendel dont il aime la liberté dramatique et les dissonances ; et, bien sûr, les opéras contemporains, comme le prouve sa participation à The (R)evolution of Steve Jobs, de Mason Bates. « Je considère les “grands opéras” comme des musées, sources d’émotions fortes. Mais, pour ma part, je privilégie les petites formes, intimes et familières, dans lesquelles tous les publics peuvent se sentir à l’aise. »
Abandonnez vos préjugés !
Dans Infinitesimal, pièce aux lointaines influences de comédie musicale pour un chanteur (Jeremy Weiss), une pianiste (Nicole Brancato) et de l’électro (Greg Hammontree), les deux créateurs explorent le passage de vie à trépas, en s’appuyant sur des recherches scientifiques autour des expériences de mort imminente. Pour donner corps à ce « plus grand mystère de l’humanité », ils donnent chair à ce qui précède – la vie – en égrenant leurs plus beaux souvenirs, aux parfums d’universel : un premier baiser, une balade près d’un lac, la perte d’un être cher, une berceuse maternelle…
« Dans cet opéra très mis en scène, avec ses accessoires, ses jeux de lumière, le duo piano-voix se trouve chamboulé. Je pince les cordes de l’instrument, je joue un peu, et Nicole chante… Nos souvenirs, eux-mêmes, se voient mêlés… » Avec son enthousiasme solaire, Jeremy convie tous les Pantinois à sa représentation : « Abandonnez tous vos préjugés sur l’opéra et venez voir une création très actuelle ! »
- Mardi 4 novembre, 19.00, auditorium Sergio-Ortega du conservatoire (49, avenue du Général-Leclerc).
- Gratuit sur réservation : réserver sa place