
Musique
Carnavals transatlantiques
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Retrouvez tous les articles du dossier « En avant la musique », réalisé par Anne-Laure Lemancel, Guillaume Théchi et Catherine Portaluppi :
► Dans Canal n°341 (Novembre 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
C’est dans la flamboyance d’un carnaval bigarré, fantasque et rebelle, qu’Africolor ouvrira en fanfare son festival à Pantin, avec un plateau de haut vol. Il y aura, d’abord, une rencontre musicale transatlantique entre l’univers des Black Indians de la Nouvelle-Orléans, ces Afro-Américains qui se réclament d’un héritage amérindien, et les vibrations musicales de la Casamance, dont les masques inspirèrent le carnaval louisianais. Soit une collision enchantée et riche de sens, qui prendra corps via la collaboration de l’artiste pluridisciplinaire Smaïl Kanouté et le bâtisseur de mondes sonores électro Ibaaku, originaire du Sénégal.
La ferveur guyanaise
Et puis, un vent sucré, une tornade fiévreuse et acidulée, envahira la salle Jacques-Brel, avec le quintette Mini-Jazz-Ouragan, dirigé par le guitariste de jazz Maxime Delpierre. « En Haïti, dans les années 1960, les orchestres de mini jazz animaient les bals avec leur kompa. J’adore le son de cette guitare un peu surf appliqué à leurs musiques traditionnelles : c’est le résultat d’une occupation des Américains qui laissèrent sur place tout leur matériel de sonorisation », précise le musicien.
Un jour, Maxime avoue à Sébastien Lagrave, directeur d’Africolor, son amour immodéré pour ces sons qui chaloupent. Il n’en fallait pas plus pour que naisse l’aventure. Mais attention, précise le guitariste : « Je n’axe pas mon répertoire autour du vaudou – d’autres le font très bien ! –, mais plutôt autour du côté pop, dansant, festif. J’aime la poésie de ces chants, l’utilisation des guitares, leur groove, le rapport élastique au temps, les boucles répétitives et la relation à la transe… »
Pour l’occasion, le quintette de Maxime s’allie, en position de face à face, le public au milieu, avec l’Union Kréyol de Pantin. Forts de leurs bidons percussifs et de leurs cuivres épicés, ces joyeux musiciens recréent toute la ferveur du carnaval guyanais.
Infos pratiques
- Musique(s) Carnaval(s) : vendredi 28 novembre, 20.30, salle Jacques-Brel (42, avenue Édouard-Vaillant).
- En savoir plus sur : sortir.pantin.fr
Saison culturelle : Pantin monte le son
Quatre rendez-vous cette année, contre trois l’an passé. Lentement mais sûrement, la part de la musique progresse au sein de la Saison culturelle.
► Citons tout d’abord les partenariats solides, noués depuis de nombreuses années avec Africolor et Banlieues Bleues. « Pour la date de ce festival, fin mars, salle Jacques-Brel, nous envisageons un échange entre l’artiste hip-hop camerounaise, Uzi Freyja, et des rappeuses du territoire », explique Bertrand Turquety, responsable du pôle Spectacle vivant de la ville.
► Il y aura aussi, le 30 janvier, ce plateau électro-pop française avec Oscar Les Vacances et Tomasi. « C’est une esthétique que nous souhaitons développer, précise Bertrand Turquety. Ce sera aussi l’occasion de tester la salle de Nelson-Mandela en format club. À plus long terme, je nourris l’idée d’une sorte de festival dédié aux musiciens sortis de l’anonymat mais pas encore tout à fait identifiés. Ce concert, en forme de test, en est, en quelque sorte, la première pierre. »
► Enfin, se produira cette saison un musicien bien connu des Pantinois, le batteur Denis Charolles, à la tête de la compagnie Les Musiques à ouïr. Il proposera un spectacle inédit et polymorphe, entre musique, poésie et… jonglage (Virtuale Virtuoso, le 21 mai).
► Retrouvez tout l'agenda de la Saison culturelle sur sortir.pantin.fr
Dynamique de groupes

Parmi les musiciens et chanteurs vivant ou exerçant à Pantin, trois groupes méritent le détour : l’historique Orchestre d’harmonie de Pantin, le très dansant ArtoPhilo et les Pantins baroques, dont certains membres, tous professionnels, ont pris leur envol.
Orchestre d’harmonie de Pantin : Éclectisme tout-terrain
Il se produit souvent en formation partielle lors des cérémonies de la ville ou en orchestre complet – instruments à vent, percussions, contrebasse, piano et harpe – à l’occasion d’événements pantinois. Créé en 1881, l’Orchestre d’harmonie de Pantin (OHP) est l’un des plus anciens ensembles amateurs de la région et l’une des associations qui participe le plus à la vie de la cité.
Ses 60 musiciens âgés de 13 à 80 ans, amateurs de très bon niveau, proposent, pour cela, un répertoire éclectique : « Il comprend de nombreuses pièces originales pour orchestre à vent, ainsi que des transcriptions d’œuvres symphoniques signées Chostakovitch, Hindemith, Prokofiev, Bernstein, Poulenc ou Debussy, mais également des musiques de film », détaille Jean-Louis Cambedouzou, président de l’OHP et saxophoniste. Son objectif ? « Faire découvrir les instruments, interpréter la musique que les gens aiment mais, surtout, celle qu’ils pourraient aimer ! »
- Concert de Sainte-Cécile : samedi 22 novembre, 20.30. Église Saint-Germain-l’Auxerrois, 1, place de l’Église.
- Facebook et Instagram : orchestre d’Harmonie de Pantin OHP
ArtoPhilo Orchestra : Fusion créole
Vous le connaissez peut-être en tant que prof de capoeira pour l’association Caraïbes Art Danse. Mais Frantz Charles est aussi, depuis 2018, l’heureux créateur-auteur-compositeur-musicien-chanteur du groupe ArtoPhilo Orchestra. Sa musique ? « De la fusion ! Salsa latino-caribéenne, funk, rock, samba, bel-air, la musique traditionnelle de la Martinique, mambo, bachata, blues, zouk, reggae… j’aime revisiter les rythmes latino-caribéens et créer des mélodies douces et dansantes à la fois. »
Formé aux percussions par Patrick Saint-Éloi, du groupe Kassav’, il sort régulièrement de nouveaux titres en espagnol ou en créole – dont l’album Ti Bolom, dédié à son fils.
Fort de huit musiciens, ArtoPhilo se produit chaque mois en concert dans des salles parisiennes ou lors de mariages et d’anniversaires. Une vraie passion pour ce Pantinois chargé, dans le civil, de la construction et de la réhabilitation de logements sociaux.
- Facebook : ArtoPhilo Orchestra
- Instagram : frantz_makhuwas_artophilo
Talents baroques
Les membres des Pantins baroques, tous professionnels, continuent de jouer, de chanter et d’enregistrer ! Ainsi, la mezzo-soprano Anaïs Bertrand a signé un disque de mélodies françaises envoûtantes composé d’œuvres de Gabriel Fauré, Reynaldo Hahn et Fabien Touchard. Hanna Salzenstein, violoncelliste, a sorti deux enregistrements consacrés à l’émergence de son instrument au XVIIIe siècle.
Le premier album solo de Patrick Oliva, violoniste, reprend, pour sa part, Les 12 fantaisies pour violon seul de Georg Philipp Telemann. Samuel Crowther, flûtiste et claveciniste, a concocté un album de pièces vocales inédites du XVIIe siècle auquel ont participé plusieurs musiciens pantinois. Enfin, Virginie Thomas, soprano, entourée de musiciens des Pantins baroques – dont elle a été membre fondateur – sort la biographie musicale de Mademoiselle Hilaire, une chanteuse star du XVIIe siècle.
- Anaïs Bertrand et Alexis Gournel : Voir le jour, Oktav Records.
- Hanna Salzenstein : Concerti per violoncello, Mirare.
- Patrick Oliva : Fantaisies pour violon, Triton.
- Samuel Crowther : Così amor mi fa languire, Evidence Classics.
- Virginie Thomas : Mademoiselle Hilaire, L’Encelade.