En avant la musique !

Pantin, ville musicale ? Sans la moindre fausse note ! Jamais la ville n’a autant vibré de sons chatoyants, de rythmes du monde, d’harmonies tous azimuts, de beats électro, au fil de ses festivals – l’automnal Africolor et le printanier Banlieues Bleues – ; de moments forts – Pantin la fête, les fêtes de quartier, la Fête de la musique… –, mais aussi au travers de ses programmations plurielles et de ses nombreux lieux de diffusion.

Ainsi, cette année, la Saison culturelle renforce la place du quatrième art au théâtre du Fil de l’eau, salle Jacques-Brel et au centre culturel Nelson-Mandela. Il y a aussi La Dynamo, ex-usine de sacs de toile de jute devenue temple du jazz et des musiques improvisées, avec sa salle et ses trois studios de répétition ; l’itinérante péniche Barboteur, avec ses DJ sets et ses concerts disco à paillettes; les jams de Gallia, les soirées électro de la Cité fertile ou celles de Dock B. Sans oublier les sons du monde et autres rodas brésiliennes des Relais solidaires, mais aussi le Metaxu, cette péniche jaune et noire, amarrée place de la Pointe, devenue une institution depuis son ouverture en 2019 par Enora Le Roux qui en explique la philosophie : « Adepte des musiques actuelles du monde, je privilégie des concerts de chair et de sueur, avec de vrais instrumentistes ; des moments qui invitent les corps à entrer dans la danse et dans la transe. »

Tout pour se former

Et que dire du conservatoire Jacques-Higelin qui, de septembre à juin, déroule une ribambelle de concerts gratuits dans son auditorium flambant neuf ? C’est également là que se forment les musiciens de demain, mais aussi des danseurs, comédiens et plasticiens.

Du côté de l’Éducation nationale, en partenariat avec le conservatoire, les classes à projet renforcé de l’école Sadi-Carnot et du collège Jean-Lolive, le dispositif Éducation artistique et culturelle de l’école Joséphine-Baker et, nouveauté de la rentrée, la classe à horaires aménagés musique (Cham) du collège Jean-Lolive permettent d’initier les enfants, tout comme Démos. Ce dispositif, porté par la Philharmonie de Paris, offre à14 marmots du centre de loisirs Sadi-Carnot la possibilité de découvrir les joies de la pratique des cuivres en orchestre sous la houlette de musiciens professionnels.

Mais la ville n’est pas en reste avec son Portail d’action éducative et culturelle à l’école, lequel propose aux enseignants et à leurs élèves une initiation aux chants du monde, un projet baptisé Les couleurs en musique ou encore Le jeu de chef·fe d’orchestre. Les antennes jeunesse, qui disposent d’un studio d’enregistrement aux Courtillières, rivalisent pour leur part de projets : fin octobre, une dizaine de jeunes initiés à la batucada dans ces structures se sont envolés au Brésil afin, notamment, de perfectionner leur science des rythmes.

Citons enfin les ateliers menés au sein de la maison de quartier Assia-Djebar par Denis Charolles, à la tête de la compagnie Musiques à ouïr : « Deux fois par semaine, j’invite les mélomanes de 8 à 108 ans à pratiquer la musique improvisée. J’anime également une session rap-électro tous les 15 jours. »

En parallèle, existent sur le territoire des formations privées, à l’image de l’école de musique électronique Module Exchange ou de l’éveil musical mené, rue Rouget-de-Lisle, par la flûtiste et professeure de conservatoire Agnès Violet, auprès de 90 tout-petits. « Je privilégie l’apprentissage par le jeu, explique-t-elle. La musique stimule le développement de capacités cognitives, sensorielles et motrices. Elle permet aussi de travailler sur la concentration, la mémoire, l’écoute… »

Bienvenue aux pros !

À Pantin, il est enfin possible de pratiquer la musique en professionnel, en répétant et en enregistrant dans différents studios : DGD, 10.50 Industrie, Studiomatic, Studio Bleu, Ens’Batucada…

Cette ébullition explique peut-être la présence de nombreux musiciens sur le territoire, comme la chanteuse Izïa Higelin, le violoniste virtuose international Mohamed Hiber ou encore le guitariste, percussionniste et compositeur tout-terrain Kevin Seddiki, aussi à l’aise dans des duos avec le prodige brésilien du cavaquinho, Matheus Donato, que dans des arrangements de Henry Purcell ou de Keith Jarrett avec viole de gambe.

Un artiste également remarqué auprès de l’accordéoniste Jean-Louis Matinier, du percussionniste iranien Bijan Chemirani, du joueur de lyre crétoise Stelios Petrakis ou au sein du quatuor Voce. « Mon répertoire s’étend des musiques du monde au classique, en passant par le jazz », éclaire Kevin Seddiki qui a signé son disque chez le mythique label ECM et s’est produit au Carnegie Hall de New York, aux Blue Note de Tokyo et de New York ou à la Philharmonie de Berlin. Mais c’est à Pantin que ce vagabond de l’art a finalement établi sa base. Pantin où résonnent mille et une musiques.

À l'agenda

• Samedi 8 novembre, 23.00 : Forensics (techno, indus, EBM), Dock B. (1, place de la Pointe).
• Samedi 29 novembre, 19.30 : Guiss Guiss Bou Bess (électro-sabar) et Kin’Gongolo Kiniata (afropop et punk-funk bigarré), Metaxu (place de la Pointe).

Atmosphères, l’orchestre qui définit les nouveaux classiques

► Jeudi 25 septembre, un public chanceux assistait au deuxième concert pantinois de l’orchestre Atmosphères, créé il y a un an et associé au conservatoire. Au programme : Folk Songs (1964) de Luciano Berio, Before the Thunderstorm (1994) d’Elena Firsova, Trittico Botticelliano (1927) de Respighi, Variaciones concertantes de Ginastera (1953) ou encore une pièce de Gabriela Lena Frank, le tout porté par la vertigineuse soprano Camille Chopin, talent Adami Classique 2023.
► Pour que ces œuvres récentes, réputées opaques, soient mieux appréhendées, une médiation a été organisée en début de répétition générale, à destination de 180 élèves des écoles primaires de la ville. De même, un workshop a été mené avec les élèves du conservatoire.
► Car Atmosphères, spécialisé dans les musiques des XX^e et XXI^e siècles, constitué de 19 à 40 jeunes musiciens de stature internationale et dirigé par l’Américano-Vénézuélien Ilyich Rivas, a aussi pour objectif, via ses nombreuses actions, de développer son ancrage local et de renforcer sa dimension pédagogique.
► Prochain rendez-vous : vendredi 27 mars 2026 avec la violoniste de renommée internationale Carolin Widmann, autour d’André Jolivet (Suite delphique), Kaija Saariaho (Graal Théâtre) et Béla Bartok (Suite de danses).