
Sport et loisirs
Égalité et solidarité comme moteurs
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Retrouvez tous les articles du dossier « Clubs sportifs : indispensables bénévoles », réalisé par Guillaume Théchi :
► Dans Canal n°339 (Septembre 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
La chaleur écrasante de ce dimanche 13 juillet ne les a pas freinées. Une dizaine de sportives du Pantin Muay Thaï enchaînent échauffement cardio, renforcement musculaire et travail technique au stade Jules-Ladoumègue, situé porte de Pantin. Au cœur de ce summer bootcamp 100 % féminin, Paméla Abena, leur coach : « Le fait de m’être mise au sport, il y a huit ans, m’a transformée physiquement et mentalement. Je trouve qu’il y a encore trop d’obstacles à la pratique sportive des femmes alors j’apporte ma pierre à l’édifice en proposant des créneaux qui leur sont réservés. » Manila Vanisaveth, participante pantinoise, acquiesce : « Je me sens plus à l’aise entre femmes. Il y a moins de rivalités ou d’ego, et plus d’échanges. »
Sport pour toutes !
Boxe, parcours Ninja, mini-gym, hip-hop… du côté d’Urban sport Pantin aussi, le mois de juillet a été très actif. L’association agit d’ailleurs toute l’année pour rendre le sport accessible à toutes. Aujourd’hui, une communauté de plus de 80 femmes passionnées se retrouve régulièrement afin de bouger, de se dépasser et de s’épanouir à travers le sport. Parmi les bénévoles les plus fidèles, engagée très jeune dans le tissu associatif des Courtillières, Binta Doucouré, qui accompagne aujourd’hui les projets de l’association. Elle se souvient : « En 2021, nous n’étions que trois membres fondateurs ! Offrir aux femmes et aux seniors la possibilité de pratiquer une activité sportive est un moteur au quotidien dans mon implication. »
S’affirmer et grandir
Aïsseta Soukouna, 18 ans, s’est aussi investie très jeune. « J’ai connu Sine qua non par ma professeure de sport du lycée Marcelin-Berthelot, il y a un an. Elle nous a proposé des formations de self-défense et de coaching de football que j’ai suivies. Aujourd’hui, c’est moi qui anime les sessions foot, uniquement féminines ! » Elle a même porté les valeurs d’égalité jusqu’à Sciences Po Paris puisque, lors de son entretien d’admission – réussi ! – au printemps dernier, la jeune bachelière mention très bien a présenté son engagement associatif en faveur du sport féminin.
Témoignage : Souad Bahi, bénévole de l’association Dans les couleurs du temps (DLCT)

« J’ai rejoint DLCT il y a trois ans pour suivre des cours de salsa. Les jeunes de l’association, dont ma fille, souhaitaient organiser un voyage sportif et solidaire au Cambodge. Le président, Jean-Richard Konaté, nous a alors demandé de créer un volet solidarité au sein de l’association. Concrètement, nous établissons un itinéraire et contactons des acteurs locaux pour organiser des rencontres sur place avec, par exemple, du personnel hospitalier, des acteurs de l’éducation ou des artistes.
J’y consacre parfois jusqu’à cinq soirs par semaine ! Nous avons également eu l’honneur de voir la restitution de notre voyage sportif et solidaire au Sénégal projetée au Ciné 104 en juin dernier. Le prochain est prévu au Vietnam, en novembre. Nous avons enfin développé des séances de danse inclusives avec l’Institut national des jeunes sourds et muets (INJS) et de réveil musculaire avec le Secours populaire. Cet engagement bénévole me rend fière et j’espère transmettre cette fibre solidaire à mes enfants. »
Le bénévolat forme la jeunesse
Les compétences et valeurs acquises lors d’une pratique sportive durant l’enfance conduisent parfois les jeunes à s’investir dans le bénévolat, puis à se former et à se professionnaliser.
« J’ai eu envie de rendre ce que mon club m’avait donné petit », raconte Ibra Ndaw, 25 ans. Joueur de 6 à 14 ans à l’Olympique de Pantin, il est revenu au club de foot pantinois en 2021 pour encadrer les plus jeunes : « Mon expérience d’éducateur m’a appris à être patient, pédagogue, organisé, à l’écoute mais aussi à gérer les imprévus. Elle m’a prouvé que j’étais capable de réaliser des projets. » Depuis, le Pantinois a validé un master en ressources humaines, écrit un livre, Football et dépression : Dossier classé sans suite, et créé une chaîne YouTube qui met en lumière des sportifs atypiques et inspirants.
Une expérience formatrice
De son côté, Alexis Abela, 21 ans, entame sa deuxième saison en tant qu’éducateur sportif vacataire à l’École municipale d’initiation sportive (Emis) après y avoir pratiqué, dès ses 6 ans, la natation, le judo, le basket, la gymnastique, et enfin, avoir rejoint le Pantin Volley. « La force de l’Emis c’est de permettre aux enfants de s’initier à plusieurs sports et d’acquérir le goût de l’effort. Je suis heureux de pouvoir y contribuer à mon tour », résume celui qui aspire à « devenir entraîneur pro ».
Après un an de bénévolat au Pantin handball, et une fois son BPJEPS réussi, Alicia Bastos, 21 ans, est, quant à elle, devenue salariée du club en septembre. « Cela représente beaucoup car j’ai réussi à construire étape par étape mon projet, qui était de vivre de ma passion : le sport. » Ses principales missions : gérer l’école de handball (de 3 à 9 ans), encadrer les équipes d’adolescents, animer le volet santé et Hand Ensemble, un dispositif de pratique adaptée, mais aussi créer une équipe de seniors filles, organiser les stages, les tournois et les initiations à destination du grand public.
Parcours gagnant
Des parcours gagnants pour les clubs : « Nous les encourageons à accompagner les jeunes volontaires, résume Halim Hallou, responsable du pôle Sports de la ville. En leur proposant un parcours de formation afin qu’ils valident un diplôme d’État, les clubs peuvent professionnaliser leur encadrement et les jeunes acquérir une première expérience. »
Témoignage : Killyan Abdallah, 15 ans, arbitre fédéral de l’Olympique de Pantin

« Depuis un an, j’arbitre les rencontres des moins de 14 ans au niveau départemental. Je voulais tenter une nouvelle expérience après avoir joué au foot plus jeune. Cela me permet de voir ce sport sous un angle nouveau et de gagner un peu d’argent : 70 euros par match, ce qui couvre mes frais de déplacement et mon équipement. Je me suis d’abord renseigné sur le rôle de l’arbitre et ses missions via l’application de l’IFAB (International Football Association Board), l’instance internationale qui détermine les règles du foot. J’ai commencé par des rencontres amicales pendant une saison et demie. Ça m’a plu. Alors, j’ai suivi une formation de trois jours auprès des instances départementales, conclue par un examen, et j’ai pu arbitrer des rencontres officielles. Je sais que mes décisions sont parfois critiquées mais cette expérience m’apprend à réfléchir, à décider rapidement, sous pression, à être à l’écoute et à gérer des gens. »