Culture
Un big band en mode sensible
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L’idylle se poursuit entre le diseur poète, Loïc Lantoine, chantre de la " chanson pas chantée ", et le big band de 18 musiciens fanfaronnant entre jazz et pop. Le coup de foudre de leur rencontre a donné naissance à un album, Nous, à partager de toute urgence.
Article de Alain Dalouche, publié dans l'agenda Canal, février 2019.
Monté sur scène un peu par hasard, pour dire ses textes plutôt que les faire lire, Loïc Lantoine possède le charisme d’une bête de scène.
Presque surpris de se retrouver sous les projecteurs, le parolier vagabonde dans son univers onirique, tout en retenue, désarticulé par l’émotion, titubant de gêne. L’intensité théâtrale se retrouve exaltée par un ensemble musical aussi désinvolte que lyrique. Se définissant comme " une fantasque fusion des genres, un maelström indéfinissable inspiré des mandalas cycliques du gamelan balinais et profondément marqué par la musique pop " , Le Very Big Experimental Toubifri Orchestra (il fallait trouver un nom pareil !) renvoie autant aux musiques débridées de Frank Zappa qu’aux expériences sonores du Sacre du Tympan ou aux alchimies musicales des grands ensembles de jazz d’antan. L’ensemble groove avec " le sens de l’humour et des timbres ", selon le magazine Jazzmag. La générosité musicale des cuivres, percussions et autres claviers ou guitares colore la poésie d’un Pierrot lunaire qui se délecte de cette rencontre : " Ce que l’on fait là dépasse la musique. C’est très tendre. Entre nous, il y a de la nostalgie, du secret, de l’amour et l’envie d’exploser. Entre nous, un petit foyer brûle et c’est délicieux. "
Il était une fois une rencontre
L’anticonformisme de cet humaniste perce dans ses textes gorgés d’émotion. Ses chansons parlent d’amour avec Tu me vieux (Je suis un homme de vingt ans/Et dans la vie j’ai plein de problèmes/Je suis timide je t’attends/Et dans la nuit je rêve que je t’aime/Je suis un temps de printemps/Et dans l’hiver je veux qu’on s’emmène/Tu me veux ?), et aussi d’humanité comme dans La Nouvelle (D’un chagrin, j’ai fait un repos/Au coin de moi, je nous regarde/Et on a tout pour être beau/Même si le temps nous retarde/Humain, c’est joli après tout/On travaillera nos rencontres/Pour unir les sages et les fous/Lire la même heure sur nos montres).
Cette rencontre improbable a débuté en 2016, lorsque Grégoire Gensse, à la tête de l’orchestre, invita Loïc Lantoine, bouleversé par " la dose d’humanité, de sincérité, de vie, de vrai " du chanteur. Le décès prématuré du jeune musicien, entre autre compositeur du cirque Plume, faillit couper court à cette histoire.
" On ne savait pas quoi faire (…). On a choisi de continuer. Dans cette histoire horrible, c’est ma fierté absolue ", confiait Loïc Lantoine. La romance se poursuit.