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Culture

Le festival de littérature Hors Limites

Depuis 11 ans, le festival Hors Limites, porté par l’association des bibliothèques de Seine-Saint-Denis, valorise une littérature ambitieuse et vivante, à travers des rencontres, des spectacles, des lectures musicales, des performances... La manifestation fait escale à Pantin avec l’écrivain Sylvain Prudhomme. Rencontre.
Article d'Anne-Laure Lemancel, publié dans l'agenda de Canal n°286, mars 2020

Publié le

Canal : Pourquoi est-ce important de rencontrer vos lecteurs ?
Sylvain Prudhomme : Je me nourris de ces rencontres, elles me stimulent, comme tous ces gens croisés, dont les histoires alimentent mes créations. Ces échanges me fortifient. Ils me remettent face à cette question brute : pourquoi j’ai écrit tel ou tel livre ? Leurs questions me replacent face à mes enjeux, à la nécessité de chacun de mes romans, et me permettent de savoir si j’ai bien touché le cœur.

Avec Par les routes (Prix Femina 2019), vous utilisez le «  je  » pour la première fois… Est-ce votre roman le plus autobiographique ?
S.P. : Peut-être que  je  m’y engage encore davantage. Par certains côtés,  je  me sens proche de Sacha (le narrateur, ndlr) dans sa concentration, son vœu d’ascèse, pour se consacrer à l’écriture. Mais j’investis aussi largement le personnage de l’autostoppeur, toujours en voyage, et celui de sa femme, Marie.
Dans ce livre, j’explore les questions que  je  me pose à 40 ans : comment rester auprès de ceux que l’on aime fort – enfants, conjoint – tout en préservant sa vie de la routine, en la laissant ouverte à d’autres rencontres, à d’autres vents ? Dans Par les routes,  je  questionne cette oscillation entre le mouvement et le port,  je  conjugue les verbes rester et partir.

Tous vos précédents romans s’appuient sur le réel, des histoires vécues par vous, ou transmises par d’autres…
S.P. : Oui, je m’appuie sur le réel : des images, des situations vécues, des expériences racontées qui me marquent. J’ai besoin d’aller séjourner, par l’écriture, dans une scène qui me fascine, de m’imaginer la (re)vivre. J’aime la fiction dans les vacillements qu’elle autorise, les incertitudes, ces moments brumeux, ces énigmes de la vie, qui portent une clé essentielle. Dans Les Grands, l’histoire d’un groupe de musiciens en Guinée Bissau, je m’inspire ainsi des lieux que j’adore, des bars, du créole et d’anecdotes… même si tout est inventé !

 Le 28 mars, vous animerez une carte blanche au Ciné 104. Pourquoi avoir choisi la projection du film Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin ?
S.P. : Ce film, que je trouve hyper beau, rejoint des thèmes de Par les routes. Il va, au petit bonheur, à la rencontre des gens dans la rue pour leur poser ces questions insolubles, plus vastes que nous : es-tu heureux ? Comment te débrouilles-tu avec la vie ? Et tous les livres, sans exception, posent cette question cruciale…

Qu’est-ce que la littérature pour vous ?
S.P. : Je la perçois comme une loupe, un intensificateur qui permet de comprendre des choses sur soi. On écoute mieux les situations. Par l’écriture, on les revit avec une attention suraiguë. On a alors davantage de temps pour ré-habiter, ré-étirer ces instants que l’existence emporte trop vite.

Informations pratiques :
Samedi 28 mars
Rencontre avec Sylvain Prudhomme

- 16.00 :  rencontre accompagnée d’une lecture d’extraits par Sylvain Prudhomme. Entrée libre.
   Bibliothèque Elsa-Triolet
   102, avenue Jean- Lolive
   
Tel : 01 83 74 58 40

- 18.00 :  carte blanche donnée à Sylvain Prudhomme. Projection de Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin (1961),
   suivie d’un échange avec l’auteur.

   Ciné 104
   104, avenue Jean-Lolive
   Tel : 01 83 74 85 75