À l’origine du projet de Cité universelle porte de Pantin, Ryadh Sallem participera, fin août, à ses septièmes jeux paralympiques.
©Ville de Pantin

Solidarité

Le sport comme moyen de se construire

Ce sportif hors norme de 53 ans fait partie des figures du handisport français. À l’origine du projet de Cité universelle porte de Pantin, un équipement sportif dédié au handisport, Ryadh Sallem s’apprête à disputer ses septièmes Jeux paralympiques.
Extrait du dossier réalisé par C. Portaluppi, G. Gesret, G. Théchi, publié dans Canal n° 326, mai 2024

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Ryadh Sallem : la flamme olympique en lui

Quand il évoque les Jeux olympiques et paralympiques, ses yeux s’illuminent. Ryadh Sallem avait 22 ans lorsqu’il a découvert leur magie à Barcelone. « Cette expérience a changé ma vie, j’étais nageur à l’époque. Au village olympique, j’ai rencontré le coach de l’équipe de France de basket-fauteuil qui m’a invité à participer à un entraînement. » Quatre ans plus tard, il est l’un des seuls athlètes sans mains à concourir dans cette discipline aux Jeux d’Atlanta (1996). Sa carrière de basketteur en fauteuil se prolonge à Sydney (2000), puis à Athènes (2004). À 40 ans, Ryadh Sallem est sur le point de quitter les parquets quand il découvre le rugby-fauteuil, un sport qui convient parfaitement à son tempérament fonceur. Grâce à son énergie et à son leadership, l’équipe de France se qualifie pour la première fois aux Jeux de Londres (2012) puis, une seconde fois, à Rio (2016).

Sa carrière de sportif aurait dû s’arrêter là. Mais Paris obtient l’organisation des JOP 2024 l’année suivante et la perspective de jouer au pied de la tour Eiffel le fait rêver. « L’or aux JOP, c’est la seule médaille que je n’ai pas. Alors, je m’entraîne tous les jours. C’est une chance extraordinaire d’avoir les Jeux à la maison. Paris sera le centre du monde. Je vous assure que les membres du comité d’organisation mettent tout leur cœur à préparer cette merveilleuse fête. »

Un avant et un après pour l’accessibilité

À ses yeux, le rayonnement des Jeux paralympiques, dans le cadre desquels Pantin accueillera le paramarathon le 8 septembre, va au-delà du domaine sportif. « Dans chaque ville où j’ai participé aux Jeux, j’ai vu un avant et un après pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. J’ai également constaté l’évolution des mentalités sur le handicap. »

Le 27 août, le sportif portera la flamme paralympique, qui passera à Pantin. Ce militant associatif se bat tous les jours pour faire reconnaître le handisport. Avec l’association CAP SAAA, qu’il a fondée en 1995, Ryadh Sallem développe de nombreuses actions pour lutter contre toutes les formes de discrimination. Son programme d’éducation populaire, Éducap City, l’amène notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville où il promeut le « vivre-ensemble ». « Quand je vais à la rencontre des jeunes, je leur parle du droit à la différence », conclut-il.

UN LIEU EMBLÉMATIQUE DU PARASPORT
Ryadh Sallem est à l’origine de l’ambitieux projet de Cité universelle qui, dans quelques années, verra le jour porte de Pantin. Conçu pour accueillir toutes les formes de handicap, cet équipement est issu de l’appel à projets Réinventer Paris. Il rassemblera une salle omnisports pouvant recevoir des compétitions internationales, un hôtel 4 étoiles, des espaces de travail et un pôle de santé, le tout 100 % accessible. « C’est le lieu emblématique qui manque aux athlètes handicapés français, explique le sportif. Ils pourront enfin avoir accès à un hôtel digne de ce nom et disputer des compétitions internationales en dehors des gymnases scolaires. La Cité universelle sera un héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. »

Bopha Kong : rendez-vous au Grand Palais

Triple champion du monde de para-taekwondo et fondateur du club pantinois Taekwondo warriors, Bopha Kong est officiellement qualifié pour les Jeux de Paris 2024.

Bopha Kong ne pouvait pas rester sur la déception qu’il a connue il y a trois ans aux Jeux paralympiques de Tokyo. Impossible pour lui de terminer sa carrière sur une quatrième place, à l’issue d’une compétition dépourvue de spectateurs en raison du Covid. Le triple champion du monde n’avait donc qu’un objectif en tête depuis son retour : participer aux Jeux paralympiques 2024 pour combattre sous la verrière du Grand Palais.

Pour être sélectionné, le quadragénaire s’entraîne « très sérieusement ». Il veille également à bien s’alimenter et à respecter des temps de repos pour récupérer correctement. « Je n’ai plus 25 ans, mais l’âge ne compte pas. C’est dans la tête que ça se joue », sourit-il. Dans le cadre de sa préparation, Bopha Kong s’est rendu, le mois dernier, au Brésil pour se frotter à des compétiteurs étrangers de sa catégorie des moins de 58 kilos. « Je me sens en forme. J’ai quelques petits bobos qui traînent, mais je suis prêt à défier mes adversaires. »

Sollicité par les médias et les sponsors comme jamais, il sent la pression monter à quelques semaines de son ultime compétition. « Le paralympique n’a jamais été autant mis en avant. J’ai l’impression que les regards sont en train de changer sur nous. Les athlètes sont considérés et soutenus par les fédérations, les employeurs et le public », conclut-il.

 

Gaspard Demortain-Nicolas : au-delà de ses limites

Gaspard Demortain-Nicolas, 15 ans, vient de décrocher la médaille de bronze aux championnats de France de judo adapté.

«Gaspard veut sans cesse aller au-delà de ses limites, prouver qu’il peut réussir dans de multiples sports, y compris en compétition, peu importe son handicap. » Samedi 6 avril, David Demortain était aux côtés de son fils, porteur de trisomie 21, lors des championnats de France de judo adapté, organisés à Montauban. « J’avais quelques appréhensions pendant les compétitions classiques, explique l’élève de 3e scolarisé à Joliot-Curie. Le judo adapté me correspond davantage. »

Pas facile, en effet, d’aborder un championnat sous le regard des spectateurs, des juges… « Gaspard a réussi à passer outre, se félicite son entraîneur, Richard Gonzales. Ses progrès sont une source d’inspiration pour les autres jeunes du club », ajoute-t-il. « Nous avons débuté le judo ensemble à l’âge de 4 ans, se souvient Malika Diallo, espoir du club qui figure parmi les meilleures judokates nationales dans sa catégorie. Gaspard mérite le meilleur, il a toujours le sourire ! Il est volontaire et ambitieux. » À tel point qu’il a obtenu sa ceinture marron en début d’année ! « Je vise la noire dès que je serai prêt », prévient ce sportif complet qui pratique également la natation, le vélo et la course à pied. « J’espère participer à un triathlon un jour… »

« J’encourage les parents d’enfants trisomiques à les mettre au sport. Cela peut être un parcours du combattant mais c’est un atout de taille pour la confiance, le moral et le développement cognitif », conclut Charline Nicolas, la mère de Gaspard.

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