Espaces publics
À la reconquête de l’espace… public
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2000. Pantin est morcelée par deux routes nationales très passantes attirant en masse les véhicules de transit, mais aussi par les voies SNCF et les berges du canal, dédiées au fret. Autant d’éléments engendrant bruit et pollution dans une ville qui compte alors seulement 10 hectares d’espaces verts.
2024. Les avenues Lolive et Jaurès ont été requalifiées, en totalité ou en partie, en boulevards urbains accueillant des passages piétons plus nombreux, des trottoirs plus larges, des pistes cyclables et des bandes végétalisées. Le canal, dont les quais ont été en partie piétonnisés, est devenu un lieu de promenade apprécié, tandis que 25 % des voies communales ont été rénovés. De nombreuses rues – de la Liberté, du 8-mai-1945, Lépine, Meissonnier, de la Paix, Denis-Papin… – ont en effet été totalement transformées, notamment par des plantations.
Place au vert
Avec ses 6 000 arbres, 21 squares, 7 parcs et 270 jardinières, la ville agit pour que chaque habitant vive à moins de 300 mètres d’un parc ou d’un square. Pantin est ainsi passée de 10 à 30 hectares d’espaces verts et le nombre d’aires de jeux végétalisées qu’elle abrite a doublé. Récompensée en 2023 par le Prix spécial de la biodiversité et de la transition socio-écologique des Villes et villages fleuris, Pantin, qui ambitionne d’abriter 35 hectares d’espaces verts d’ici à 2026, en créée, en rénove ou en agrandit un chaque année. Citons les squares du Petit-Bois, Formagne, Vaucanson, Lapérouse et Montgolfier, mais aussi les parcs Stalingrad, Diderot et des Courtillières.
Dans les écoles, cinq cours jardin ont été aménagées – certaines étant même ouvertes aux habitants les week-ends et jours fériés –, tandis que la rue Montigny, dorénavant végétalisée à 70 %, a été transformée en rue jardin. Autant de petits coins de nature qui, tout comme les propositions des budgets participatifs dont 80 % portent sur l’amélioration des espaces publics, embellissent et apaisent la ville.
L’essor des mobilités douces
Ailleurs, au sein des rues Hoche ou Magenta par exemple, la ville expérimente des aménagements tactiques provisoires destinés à leur piétonnisation. Et, grâce à la limitation de la vitesse à 30 km/heure en vigueur depuis 2021, l’intégralité des chaussées communales est désormais cyclable. « En matière de déplacements, les besoins des Pantinois, dont la moitié ne possède pas de véhicule, ont changé, explique Pierric Amella, conseiller municipal délégué aux Mobilités douces, à la Qualité de l’air et au Budget carbone. Nous encourageons cette évolution avec des aménagements qui permettent aux voitures de circuler partout tout en luttant contre le trafic de transit. Cela permet de faire sortir les vélos des trottoirs et donc d’apaiser les relations entre cyclistes et piétons. Résultat : depuis 2013, la circulation automobile a été divisée par deux sur l’avenue Jean-Lolive, empruntée aujourd’hui quotidiennement par 2 000 vélos, tandis qu’ils sont 6 000 à circuler le long du canal. »
Améliorer le cadre de vie
Les grands projets urbains privés ou publics permettent également d’améliorer le cadre de vie. Ainsi, le parvis de la gare RER a été financé par le promoteur des Grands Moulins ; les voies du nouveau quartier du Port par celui de la ZAC du même nom et les rues des Courtillières ont été réaménagées grâce aux fonds de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), comme le seront bientôt celles des Quatre-Chemins, une fois achevées les constructions de nouveaux bâtiments.
Et demain ? À court et moyen terme, de nombreuses voies – rues Auger, du Pré Saint-Gervais et Magenta, mail de la Chocolaterie… – seront requalifiées et deux nouvelles cours jardin feront leur apparition au sein des écoles Wallon et Cachin. À plus long terme, une rue jardin rafraîchira chaque quartier, sept hectares supplémentaires d’espaces verts verront le jour dans l’écoquartier et deux nouvelles passerelles seront érigées, l’une au-dessus des voies SNCF, l’autre enjambant le canal. Enfin, à l’horizon 2030, un quart des places de stationnement en surface sera supprimé pour toujours mieux apaiser, reverdir et partager la ville.
Votez pour le parc Diderot !
Vous appréciez le parc Diderot, son bassin, ses aires de jeu, son toboggan géant, ses grandes pelouses et son skatepark ? Alors, votez pour qu’il remporte le Prix du public des Victoires du paysage 2024.
C’est l’un des 68 projets retenus par Valhor, l’interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, pour briguer le Prix du public des Victoires du paysage 2024. L’association a en effet été séduite par cet « espace familial et intergénérationnel vibrant au pied de tours de logements sociaux ».
Conçu par Péna Paysages, s’étalant sur deux hectares et inauguré en 2021, le parc Diderot constitue un véritable poumon de verdure au cœur du quartier des Quatre-Chemins. Très apprécié pour sa baignade naturelle ouverte tout l’été, il offre un petit goût de vacances et de plage en pleine ville !
Pour voter jusqu’au 17 octobre, 18.00 : lesvictoiresdupaysage.com.
3 questions à…
Mirjam Rudin, adjointe au maire déléguée à la Nature en ville, aux Déplacements, aux Espaces publics et aux Espaces verts
Canal : Pourquoi la ville s’engage-t-elle autant dans la rénovation et le réaménagement de ses espaces publics ?
Mirjam Rudin : Pantin est l’une des villes les moins motorisées de France : plus d’un ménage sur deux n’y possède pas de voiture. Le réaménagement des rues y est donc important pour rééquilibrer les usages de la voirie et donner plus de place aux piétons et aux cyclistes. Pour cela, nous modifions complètement certaines voies ou nous optons pour des rénovations plus légères, moins coûteuses et facilement déployables dans tous les quartiers. Avec ces aménagements tactiques transitoires, nous avons pu créer rapidement des plates-bandes pour verdir la ville et préserver la biodiversité ; agrandir les fosses des arbres pour les rendre plus résistants ou ajouter des bornes escamotables en cas de piétonnisation, comme récemment rue Hoche. Par ailleurs, la modification du plan de circulation empêche dorénavant la traversée de la ville par des flux de véhicules qui n’ont rien à y faire. Cela diminue la pollution de l’air et les nuisances sonores. Tous ces leviers permettent d’embellir mais, surtout, de partager et d’apaiser la ville.
Comment associer les habitants à la co-construction de cette ville apaisée ?
M.R. : Grâce à des déambulations et des réunions publiques, chacun peut s’exprimer en amont sur les difficultés rencontrées dans l’espace public. Cela permet d’adapter nos projets à l’intérêt général, tout en respectant les contraintes techniques. Ainsi, rue Cartier-Bresson, les trottoirs ont été mieux éclairés, des feux tricolores et des rétrécissements de chaussée ajoutés, des aménagements cyclables créés. Transformer cet ancien axe routier en rue partagée a permis de réduire la circulation de passage. Nous avons également consulté les habitants pour pérenniser – ou non – les dispositifs de piétonnisation expérimentés autour des écoles. Enfin, nous allons lancer un groupe de travail avec des personnes en situation de handicap pour améliorer l’inclusivité de l’espace public.
Pantin cherche-t-elle à adapter ses espaces publics au dérèglement climatique ?
M.R. : Bien sûr ! Nous avons créé cinq cours jardin au sein des écoles dans lesquelles le bitume, forte source de chaleur, est réduit au minimum. Deux autres verront le jour prochainement. Nous développons aussi des jardins de pluie dotés de grandes jardinières. Faisant office de noues, elles permettent de réguler l’absorption des eaux pluviales. Nous avons également livré, rue Montigny, notre première rue jardin, dont 70 % de la surface est végétalisée. C’est un véritable îlot de fraîcheur que nous voulons dupliquer dans chaque quartier.
Retrouvez les autres articles du dossier « Espace public : embellir et apaiser », dossier réalisé par Catherine Portaluppi, Frédéric Fuzier, Christophe Dutheil, Guillaume Gesret et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°330, octobre 2024.
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