Culture
Balèze Fraize
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Depuis une vingtaine d’années, le clown triste et paumé créé par Marc Fraize, Monsieur Fraize, foule les scènes de France et de Navarre avec son polo rouge et son jean feu de plancher, reconnaissables entre mille. Un ovni dans le monde de l’humour à découvrir de toute urgence.
Article de Tiphaine Cariou, publié dans l'agenda de Canal n°282, octobre 2019.
Canal : Qui est Monsieur Fraize ?
Marc Fraize : Moi, en pire ! Avec tout ce que je peux avoir comme défauts, mais multipliés par mille. En caricaturant un peu, c’est une sorte de Français moyen qui serait resté un peu trop longtemps chez ses parents. Un genre de Tanguy avec un zeste autistique en plus.
On dirait un quadragénaire coincé dans un corps d’enfant. Comment avez-vous travaillé la gestuelle ?
M. F. : Pour cette version du spectacle, je me suis inspiré des enfants pendant plusieurs années. Tout au début, Monsieur Fraize arrive sur scène en ayant l’air très coincé, comme un gamin à qui on demande d’aller au tableau. Très vite, il oublie qu’il est en public et se désinhibe. Mais Monsieur Fraize reste un adulte, un adulte bizarre qui distille pendant le spectacle quelques méchancetés qui n’appartiennent qu’à lui et ne sont pas politiquement correctes.
Il est un peu raciste…
M. F. : Il est carrément raciste. Il a été éduqué comme cela, pour avoir peur de l’étranger, de l’autre. Il est aussi grossophobe, il n’aime pas les gens gros. Et il n’aime pas non plus les femmes.
Mais alors, qu’est-ce qu’il aime dans la vie ?
M. F. : Il est passionné par les produits de consommation et les promotions. Son loisir principal, c’est aller au supermarché. C’est quelqu’un de casanier qui est bourré de peurs. C’est pour cela qu’il ne sort pas beaucoup.
Pensez-vous que Monsieur Fraize se réjouisse de venir en Seine-Saint-Denis ?
M. F. : Je crois qu’il vient en train, donc, tout va bien. Et s’il y a un centre commercial à Pantin, pas trop loin de la salle de spectacle, il sera aux anges.
Est-ce que, comme Monsieur Fraize, vous avez des tics ou des tocs ?
M. F. : Oui, mais ils ne sont pas maladifs. Ce sont des tics gentils. Je suis un ancien maniaque, mais depuis que je suis marié et que j’ai des enfants, je me suis soigné, par la force des choses.
Avez-vous déjà vécu un très grand moment de solitude sur scène ?
M. F. : En fait, je ne connais que ça ! Et je joue avec cela. Je monte seul sur scène et je dois aller chercher à chaque fois le public pour qu’on ne fasse qu’un. Cela n’est pas facile ni immédiat. Sans le faire exprès, Monsieur Fraize montre ses peurs et ses faiblesses, les mêmes que Monsieur-Tout-le-Monde, et c’est ça qui est intéressant pour le spectateur.
Mardi 8 octobre à 20.00
Monsieur Fraize
Tarifs : 18 € ; 12 € (réduit)
5 € (moins de 12 ans)
Salle Jacques-Brel
42, avenue Édouard-Vaillant.