Culture
Les Feux de l'amour brûlent les planches
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Avec Projet Newman, la fiction télévisuelle devient réalité. L’histoire ? Une mère de quatre enfants quitte son foyer pour rejoindre Victor Newman, héros du feuilleton télévisé Les Feux de l’amour dont elle est tombée amoureuse. Amine Adjina, écrivain et co-metteur en scène, précise les contours de cette pièce dont la création a débuté à Pantin.
Article de Alain Dalouche, publié dans l'agenda de Canal n°283, novembre 2019.
Canal : Le personnage central de Projet Newman est-il la mère ou ses quatre enfants ?
Amine Adjina : C’est la mère, mais elle n’est jamais là ! Cette mère est partie et ses quatre enfants, trois hommes et une femme, l’incarnent sur scène. Au fur et à mesure, ils en viennent à se travestir. L’autre figure importante de la pièce est Victor Newman, le héros des Feux de l’amour, une figure patriarcale, sorte de cliché masculin de la virilité.
Est-ce une pièce sur l’image ou l’amour ?
A. A. : Le point de départ est la place de la télé vue par le philosophe allemand Günther Anders. Dans son œuvre, L’Obsolescence programmée, il raconte l’histoire d’une femme qui tombe amoureuse d’un personnage de série télévisée. Cela va assez loin car cette femme se prépare, s’habille et se maquille avant de se présenter devant son poste de télévision pour suivre son feuilleton. Elle en vient à ne plus supporter son mari… Günther Anders dit que nous ne participons plus au monde, mais en consommons seulement l’image, un monde peuplé de fantômes qu’il nomme « nos copains portatifs ».
Pourquoi avoir choisi la télé avec cette série, Les Feux de l’amour, et non les réseaux sociaux pour mettre en scène ce monde virtuel des images ?
A. A. : L’histoire renvoie chaque spectateur à ses propres références face aux images. Les Feux de l’amour est une série culte qui existe depuis 45 ans et à laquelle beaucoup de spectateurs restent attachés. Parler des réseaux sociaux amenait à faire du théâtre de thèse, ce que l’on ne veut pas. Nous ne sommes pas l’endroit du jugement, ce n’est pas la place du théâtre.
Finalement cette mère de famille le retrouve-t-elle, cet homme de TV, l’amour de sa vie ?
A. A. : Oui et non, car la fin se termine sur trois hypothèses, nous restons dans le cadre de la fiction. Ce qui compte est l’élan positif, l’idée que cet amour, même fou, l’ait mise en mouvement et l’ait fait sortir de son quotidien.
Mardi 3 décembre à 20.00
Projet Newman
Durée : 1 h 45
18 € (plein tarif), 12€ (tarif réduit), 5 € (moins de 12 ans), 3 € (minima sociaux).
Théâtre du Fil de l’eau
20, Rue Delizy
01 49 15 41 70